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30 sept. 2010

Procès devant la cour d'assises : Jean-Michel Bissonnet : "J'ai pas déclaré le vol de ce fusil"

Ce jeudi 30 septembre, devant la cour d'assises de l'Hérault à Montpellier, au quatrième jour du procès des assassins présumés de Bernadette Bissonnet, 57 ans, tuée le 11 mars 2008 à 20h45 dans sa villa de Castelnau-le-Lez, son mari, Jean-Michel, 63 ans, accusé d'être le commanditaire, déroule le fil de sa vie, jusqu'à son arrestation. Mardi et mercredi, un "vieil ami de quarante ans", le vicomte Amaury d'Harcourt, 85 ans qui reconnaît avoir jeté l'arme du crime dans le Lez et Méziane Belkacem, 51 ans, le laveur de carreaux employé par le couple, qui avoue avoir abattu Bernadette Bissonnet de deux cartouches de fusil de chasse, selon un plan dicté par le mari s'étaient mis à nu, devant les jurés, six femmes et trois hommes. De l'arme du crime, il en est question justement, quand le président de la cour d'assises Joël Mocaer demande à Jean-Michel Bissonnet, debout dans le box dans un costume gris, de dresser l'inventaire des armes saisies dans son garage par les gendarmes, après l'assassinat : "Dans un coffre, il y avait un fusil de chasse calibre 12, deux carabines dont une automatique, deux fusils express, un à un coup, l'autre à deux coups...Vous savez, j'étais un passionné de chasse". Le président : "C'est tout ?". Bissonnet : "Non, euh, je détenais sans autorisation un pistolet Syracuse, un Colt de calibre 11.43, offert par M.D'Harcourt". Le président : "ça fait des dégâts le 11.43". L'accusé : "oui, mais je m'en suis servi que trois ou quatre fois. Ah oui, j'avais aussi une arme de poing de petit calibre dans la cuisine, c'était pour tirer sur les pies qui venaient tout manger". Le président, patient : "Mais, vous avez détenu un fusil de calibre 16 de marque Idéal". Bissonnet : "Oui, il m'a été offert par mon père, il y a longtemps, je l'avais caché au fin fond d'un placard dans la première maison que nous avons habité avec Bernadette, rue Rethel, derrière la gare SNCF et le jour où nous avons déménagé à Castelnau, je ne l'ai pas retrouvé. J'aurai pu aller à la police, mais, j'ai pas déclaré le vol de ce fusil". Le président : "Pourquoi ne pas avoir signalé ce vol ? Où est-il passé alors ce fusil ?" L'accusé : "je sais pas, quelqu'un me l'a pris". Les questions du président ne sont pas anodines : l'arme du crime est un vieux fusil de chasse de calibre 16 de marque Idéal et lors de ses dépositions durant l'instruction, le vicomte Amaury d'Harcourt assure qu'il s'agit du fameux fusil "volé" dans la première maison des Bissonnet...


Coup de foudre


Jean-Michel Bissonnet gesticule beaucoup, lorsqu'il s'exprime. Et dès qu'il prononce le prénom de Bernadette, il n'arrive pas à retenir des larmes. Il le dit, il le répète, il le martèle, quand il évoque ce coup de foudre : "J'étais en ménage avec Martine, mon amie d'enfance, un jour, alors que j'étais commercial en produits pharmaceutique, j'ai vu Bernadette, j'ai tout de suite su que ça allait être ma future femme, pour moi, ça été un éclair. Le soir, en rentrant à la maison, j'ai dit à mon amie d'enfance, je te quittes. J'ai revu Bernadette, je lui ai dit, c'est toi que je veux, elle m'a répondu pareil. Six mois après, on se mariait. J'avais 31 ans, j'ai mené une vie intense, extraordinaire avec Bernadette, elle m'apportait que du bonheur, bon, elle était gaffeuse, parce qu'elle ne savait pas mentir, mais tout allait bien entre nous, nous étions unis, amoureux, nous avions deux beaux enfants, Florent et Marc, deux fils admirables. Et depuis 920 jours, je suis en prison, sans savoir pourquoi, ça me révolte d'entendre tous ces mensonges sur moi". Le président Mocaer tempère cette image idyllique : "Quelques semaines avant l'assassinat, il y a eu deux disputes fortes avec Bernadette, ce sont même vos enfants qui le racontent". Bissonnet : "Mais, c'est comme dans tous les couples, il y a des discordes. Je reprochais à Bernadette de trop choyer Marc, le cadet. Un jour, j'ai trouvé un joint de shit dans un cendrier, j'ai fermement dit à Marc que je ne voulais pas qu'il touche à la drogue. Bernadette a pris sa défense, elle a dit oh un petit joint de temps en temps, ça ne fait pas de mal. Non, le haschich, c'est non". Le ton est brutal, ferme, glacial.


"Faux sanglots"


Jean-Michel Bissonnet évoque"cette merveilleuse complicité avec Bernadette, qui était toujours partante, c'était une fonceuse, qui aimait profiter de la vie. Nous avons beaucoup voyagé. On me l'a tuée trop tôt, c'est terrible". Et il se met à pleurer à chaudes larmes. Soudain, il se met à hurler : "ça vous fait rire, hein, mon malheur, vous n'avez pas honte". Il s'adresse ainsi à Me Jean-Robert Phung, un des avocats du frère de la victime, Jean-Pierre Juan, assis en face de lui, sur les bancs des parties civiles. "Je vous interdit de m'adresser la parole dorénavent et arrêtez avec vos faux sanglots" lui rétorque Me Phung. "Quoi, des faux sanglots ? c'est une honte, vous n'imaginez pas quel est ma souffrance" crie l'accusé. Le président suspend l'audience.

Comme il l'avait déjà fait mardi, quand Jean-Michel Bissonnet avait traité de "menteuse" Me Iris Christol, qui défend avec son père le bâtonnier Gérard Christol, l'assassin présumé, Méziane Belkacem. Après un sévère rappel à l'ordre du président qui ordonne à Jean-Michel Bissonnet "de respecter les avocats", Me Luc Abratkewicz, partie civile au côté de Jean-Robert Phung pour le frère de Bernadette Bissonnet s'adresse à l'accusé : "Vous n'avez ni le monopole de la souffrance, ni celui de la vérité. Et je vais vous rafraîchir la mémoire : mardi, lorsque le président de la cour interrogeait le vicomte Amaury d'Harcourt, vous avez également sourit". Une audience électrique, dans un climat tendu : mercredi soir, des inconnus ont abordé deux jurés, alors qu'ils quittaient le palais de justice, pour les convaincre de l'innocence du mari...



Jean-Marc Aubert

1 commentaire:

Mathieu SOLIVERES a dit…

Très bon article et excellente initiative que je m'empresse de relayer !